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Droits télé: Quand une pub part en guerre contre l'UEFA

Mardi 04 octobre 2011. La décision de la cour de justice de l’Union Européenne basée à Luxembourg va faire date.

Karen Murphy tient un débit de boissons à Portsmouth, « The Red White and Blue« , doté d’un écran géant pour la retransmission des matches de Premier League. Comme tout pub anglais qui se respecte. En 2004, elle met fin à son contrat avec le bouquet satellite BSkyB qui détient les droits de retransmission des matches de Premier League. La crise économique passant par là, Karen (et son porte-feuille) jette son dévolu sur le bouquet grec Nova.

« Avec Nova, je payais 800 livres par an (930€) pour un abonnement, contre 700 livres (810€) par mois pour Sky » raconte-t-elle. Soit un coût dix fois plus important! Cela lui permettait d’économiser la modique somme de 8800€… C’est un fossé!… C’est un puits!… C’est une crevasse!… Que dis-je, c’est une crevasse? C’est un gouffre! (Edmundo Alves de Souza Rostand, ancien joueur brésilien aujourd’hui en prison). Mais s’estimant lésée, la Football Association (FA), qui commercialise les matches de son championnat donc décidant qui peut les diffuser, à quelles conditions et à quel prix, a obtenu sa condamnation par un tribunal anglais.

L’affaire devant le justice européenne

L’affaire est alors portée devant la justice européenne qui a rejeté les arguments de la FA dans un arrêt, jugeant les « accords d’exclusivité territoriale » pour les droits de retransmission contraires au droit de l’UE. « Une législation nationale qui interdit d’importer, de vendre ou d’utiliser des cartes de décodeur étrangères est contraire à la libre prestation de services et ne peut être justifiée ni au regard de l’objectif de protection des droits de la propriété intellectuelle ni par l’objectif d’encourager la présence du public dans les stades de football« . La cour ajoute toutefois que la diffusion dans un pub du logo ou de la musique de la PL pendant les matches requérait l’autorisation de cette dernière.

FA, UEFA, Sky et Karen : réactions diverses

La FA indique qu’elle va « prendre son temps pour digérer et comprendre toutes les implications« . Elle a assuré aussi qu’elle « continuerait à vendre ses droits audiovisuels de façon à satisfaire le mieux possible les fans dans toute l’Europe et les diffuseurs, en conformité avec le droit européen« .

Pour sa part, l’UEFA « prend acte de la décision attendue de la Cour de justice de l’Union européenne sur les droits télévisés« . « L’UEFA ne croit pas que la décision de la Cour de justice de l’UE changera radicalement la façon dont elle distribue les droits médiatiques de ses compétitions, dans la mesure où les contrats liés à ces droits ne sont pas strictement basés sur une exclusivité territoriale mais prévoient déjà la possibilité d’une extension limitée à d’autres territoires« , précise l’UEFA. « L’UEFA fait tout son possible pour assurer le meilleur accès public possible aux matches joués dans le cadre de ses compétitions« , ajoute l’instance européenne, qui conclut qu’elle continuera « à opérer dans le cadre des lois nationales et de l’UE« . Apparemment schizophrénique l’UEFA…

Sky a réagit en indiquant que « cela aura des implications sur la façon dont les droits sont vendus en Europe à l’avenir, que nous sommes en train d’examiner« . Heureuse du dénouement de l’affaire, Karen Murphy a conclu en ironisant: « C’était un peu Karen contre Goliath!« 

Euro 2012 : le cas français

Ce qui pourrait être un grand chamboulement dans le paysage audiovisuel du football européen sonne comme un sérieux avertissement envers le lobby des Fédérations et des puissants groupes audiovisuels. Parallèlement, depuis mars 2011, l’UEFA peine à vendre à un bon prix les droits télé de l’Euro 2012 sur le marché français. Déçue de l’offre des chaînes françaises pour l’acquisition des droits télé de l’Euro 2012, elle a décidé de se servir de l’attrait de l’Euro 2016 pour faire grimper les prix… TF1 et M6 n’ont proposé qu’une offre commune de 50 millions d’euros. Alors l’instance européenne a changé de stratégie. Et quoi de mieux pour appâter les chaînes hexagonales que la perspective de l’Euro 2016, qui sera organisé en France ?

Le blog BRL explique ainsi que l’UEFA et Team Marketing (société gérant le marketing de l’UEFA pour l’Euro 2012 prévu en Ukraine et en Pologne) ont décidé de soumettre l’achat d’un des trois lots de l’Euro français (1 lot avec 26 matches, 1 lot avec 25 matches et un lot magazine) à la condition d’acquérir au moins un des quatre lots mis en vente pour l’Euro 2012. En clair, si elles veulent pouvoir diffuser l’Euro 2016, les chaînes devront également payer pour la compétition en Pologne et Ukraine. C’est beau le business…

Crédit Photo D@LY3D flickr

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