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Arbitrage vidéo : entre gros sous et déshumanisation du football

La Fifa a annoncé début mars que la vidéo allait faire son apparition, à titre expérimental, dans le cadre des matchs. Cela commencera dès la saison prochaine et durera a minima deux ans. C’est le Board, l’organe gardien des lois du jeu, qui a annoncé l’information. Depuis la coupe du monde 2014, la Goal Line technology a été expérimentée, avec succès. La Fifa franchit donc une nouvelle étape et compte exploiter l’arbitrage vidéo dans différentes situations : but marqué, carton rouge, penalty, erreur sur une identité.

Dans un premier temps, cela se fera sans communication entre l’arbitre central et l’arbitre vidéo. Les communications seront effectives à partir de 2017 – 2018, moment où les deux arbitres pourront échanger. L’arbitre central pourra alors demander à son assistant vidéo de clarifier une situation grâce à une oreillette. Et si le doute persiste, alors une tablette située en bord de terrain serait mise à disposition de l’arbitre central pour valider sa décision.

Alors on en aura donc fini avec les commentaires sur toutes les erreurs d’arbitrage ? C’est pourtant une des saveurs des football que de commenter la question. Tout le monde se fiche généralement de savoir de quel côté le penalty a été tiré, on préfère de loin commenter la décision de savoir s’il y avait ou non pénalty ! Les erreurs font partie du jeu et le marquent de manière profonde. La main de Diego Maradona en coupe du Monde face à l’Angleterre, celle de Thierry Henry pour qualifier la France à l’Euro 2012, celle encore de Vata lors de la finale de C1 OM Benfica en 1990, l’auto croche-patte de Fabrizio Ravanelli

Une histoire de gros sous

Le football moderne draine tellement d’argent (contrats publicitaires, droits télés, pari sportifs…) que la moindre erreur d’arbitre peut mettre un sacré « bordel » dans cette grosse machine économique. L’arbitre est donc un personnage central du système et ses décisions valent cher. Partant de là, intégrer la vidéo dans le système est une façon de réduire cet aléa qu’est l’erreur de l’arbitre. Aujourd’hui épaulé par la machine, il sera peut-être demain remplacé par elle, comme Michel Platini l’évoquait en parlant d’arbitrage par des drones ! « Le football doit rester humain, joué par des joueurs et arbitré par des hommes et non par des caméras de télévision. C’est ce que je pense et c’est le football que j’aime. Le football, ne l’oublions pas, est le sport le plus populaire au monde. Ça marche bien. Il y a peut-être des contradictions mais ça marche bien », déclarait-il ainsi à propos de l’arbitrage vidéo.

Déshumanisation

La clé est probablement là. Le football est ce qu’il est parce qu’il est résolument humain. Les joueurs le sont, les supporters et les arbitres aussi. Tout dans un match est changeant : l’atmosphère dans le stade et sur le terrain, l’état d’esprit des joueurs, la propension de certains joueurs à influencer l’arbitre, les événements qui se passent pendant un match, le fait que l’on soit en début ou en fin de match… Les décisions d’un arbitre peuvent changer en fonction de son emplacement. Rien n’est figé dans le football et rien n’est parfait parce que ce sont des humains qui sont les acteurs du jeu. L’arrivée de la vidéo va lisser le jeu,  le déshumaniser, pas forcément pour son bien.

Dans le cadre de cette expérimentation, plusieurs points seront aussi à évaluer : la gestion du temps. L’appel à la vidéo va-t-il figer le temps comme au rugby ? Ou bien cela sera-t-il décompté en temps additionnel ? La gestion des joueurs aussi. Si prompts à venir voir l’arbitre pour influencer ses choix, ils ne manqueront de venir le harceler pour qu’il fasse appel à la vidéo. Du temps perdu là aussi et des mises sous pressions supplémentaires à gérer pour l’arbitre.

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